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Les évolutions sociales face à la sexualité : une nouvelle réalité en 2024

La manière dont les Français perçoivent et vivent leur sexualité a subi des changements significatifs ces dernières décennies. Ces transformations s’observent à travers divers indicateurs, dont une récente étude de l’IFOP démontre plusieurs tendances marquantes. Bien que certains puissent voir dans cette évolution un signe d’émancipation sociale, d’autres pourraient se demander si nous assistons à une récession sexuelle inquiétante.

Le déclin du devoir conjugal

L’une des principales conclusions de l’étude est la diminution notable du devoir conjugal, c’est-à-dire l’idée que les partenaires dans un couple doivent avoir des relations sexuelles pour entretenir leur relation. En 1981, 76 % des femmes admettaient faire l’amour sans en avoir envie; ce chiffre est tombé à 52 % récemment. Les mouvements sociaux comme MeToo ont sans doute joué un rôle dans cette transformation en remettant le consentement au centre des préoccupations. Chez les hommes également, on observe que 46 % ont eux aussi rencontré des situations où ils ont eu des rapports sexuels sans en avoir vraiment envie. Cela montre une déconstruction lente mais présente de normes autrefois considérées comme incontournables.

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Un intérêt diminué pour la sexualité

De manière générale, l’intérêt pour la sexualité diminue plus nettement chez les femmes que chez les hommes. Tandis que 54 % des femmes pourraient envisager une vie sans sexe avec leur partenaire, en utilisant par exemple un jouet sexuel, contre seulement 42 % des hommes, ces chiffres sont en nette augmentation par rapport aux statistiques des années précédentes. Par ailleurs, beaucoup de femmes de plus de 50 ans se déclarent même asexuelles.

En revanche, les hommes continuent de valoriser davantage la sexualité dans leur vie quotidienne. Par exemple, 75 % des hommes affirment qu’ils accordent de l’importance à la sexualité, ce chiffre atteignant même 87 % parmi les trentenaires. Cependant, près de 69 % des femmes assurent vivre facilement l’abstinence sexuelle, alors que ce n’est le cas que pour 48 % des hommes. Ceci résulte probablement de la culture qui lie encore fortement masculinité et activité sexuelle.

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Les jeunes et la sexualité : un recul inquiétant ?

Chez les moins de 35 ans, la situation est également particulière. La proportion de jeunes adultes n’ayant pas eu de rapport sexuel durant l’année écoulée a augmenté de façon importante. Parmi ceux qui sont déjà sexuellement actifs, 28 % disent ne pas avoir eu de rapports sexuels depuis un an, un chiffre cinq fois supérieur à celui de 2006. Des études similaires effectuées dans d’autres pays occidentaux montrent des tendances similaires. Aux États-Unis, le nombre de personnes ayant déclaré une inactivité sexuelle a bondi de 8 % à 23 % entre 2008 et 2018, tandis qu’en Allemagne, il a été multiplié par trois entre 2005 et 2016. Il semble donc que cette tendance soit globale et non limitée à la France.

L’omniprésence de nouvelles distractions pourrait expliquer cette baisse de la fréquence des relations sexuelles chez les jeunes. Regarder des séries, lire, surfer sur les réseaux sociaux ou jouer à des jeux vidéo sont autant d’activités qui concurrencent désormais le temps consacré à la sexualité. Selon l’étude, 57 % des hommes et 43 % des femmes âgées de moins de 35 ans ont évité un rapport sexuel pour ces raisons.

Une émancipation des normes sexuelles traditionnelles ?

François Kraus, chercheur et directeur du pôle politique et actualité à l’Ifop, interprète cette montée de l’inactivité sexuelle comme une sorte d’émancipation des normes sociales restrictives. En effet, de plus en plus de Français semblent capables de se libérer des injonctions qui associent automatiquement vie de couple et rapports sexuels fréquents.

Cette perspective reflète une forme de modernité où chacun pourrait trouver son propre équilibre plus librement. Cela peut représenter une avancée sociétale positive où le bien-être individuel prime sur des attentes sociales rigides. Toutefois, d’autres pourraient y voir un glissement vers une détérioration de la dynamique intime dans les couples.